éditions
du Groupe de L'Ours
autour du lettrisme, des situationistes, de l'Oulipo et la pataphysique
Se dire lettriste toujours, parce que ça fait hurler les chiens.
Le Tour du Monde en 80 ours
Jules Verne / Antoine Grimaud
Quelques extraits de lettres
reçues par l'auteur :
L'idée est de miel
Ca fait très plaisir, ce Rabelais chez Boucle d'Or.
Non seulement le texte de Jules Verne est un régal, mais l'on savoure sur la page d'en face, ce faux miroir, le décorticage extraordinaire et drolatique de ce texte auquel vous parvenez, page par page, ligne par ligne, presque mot par mot, l'un après l'autre.
Cette traduction ne manque pas non plus d'ironie qui nous fait plonger, que dis-je, basculer dans le monde inattendu et improbable des plantigrades, monde au sein duquel vous évoluez avec humour et sang-froid.
Ce travail savamment ludique n'en représente pas moins un exercice de haute voltige.
L'édition originale comprend 100 exemplaires ordinaires
+ 15 exemplaires signés par l'auteur, sur papier bleu :
12 numérotés de I à XII
et 3 Hors Commerce, marqués H.C.
C’est une histoire d’ours.
Donc fabuleuse.
D’ours étranges ? s’inquièterait l’âne.
Non ! Terriblement familiers au contraire, avec leurs ambitions, leurs bons sentiments, leurs cruautés, leurs entêtements, leur générosité, leur courage, leur bêtise…
Des ours gourmands qui vous mettent l’eau à la bouche avec leur gruau de graminacées grillées, leur gravlax de saumon cru, le tout arrosé de vin cuit à la framboise ou de claret mélangé de miel.
Des ours bavards qui grésillent, grincent, grinchent, grinchottent, grognassent, grognent, grognonnent, grommellent, grommeluchent, grondent et glapissent.
Des ours joueurs, pipeurs, bretteurs et bateleurs qui vous tiennent en haleine.
Des ours comme tout le monde, en somme, ou presque.
Alors, que font-ils donc, tous ces ours, pour mériter la peine du lecteur ?
Ils trottent. Ils trottent l’un derrière l’autre tout autour du globe, par défi, par devoir, par erreur, par amour, par hasard. Et l’un d’entre eux s’est même vanté qu’il bouclerait la boucle, du mercredi 25 Absolu de l’an moins un, vingt heures quarante-cinq glougloutantes, au samedi 21 du mois de Sable, même heure, soit en quatre-vingts jours, exactement.
Comment, vous connaissez déjà cette histoire ? Détrompez-vous ! Ce n’est pas ce que vous croyez. Le papa du papa du papa de mon papa n’était pas né que cette légende du temps des Ours Anciens courait déjà le monde et nos meilleures plumes, comme les pires aussi, de Leibniz à Audiard, de Sartre à Duteil, de Sénac de Meilhan à Veyron, sans compter Flaubert, Hugo, Sand, Zola, Brel et autres Proust ou Camembert lui ont fréquemment emprunté qui une idée géniale, qui une réplique célèbre, qui trois superbes alexandrins, qui un incipit inoubliable, quand ce n’est la trame intégrale d’un récit à succès.
Mais rétablir la vérité n’est pas jeter la pierre. Pourquoi, d’ailleurs, crierait-on au plagiat ? Même par anticipation. Saura-t-on vraiment jamais quel ours, le premier, contempla la lune, ou peut-être même quelle lune, la première, éclaira l’ours ?
C’est une histoire d’ours disais-je, une histoire joyeuse, et tout le reste est littérature.
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